III - Troisième Partie
- Le cimetière et la tour
- Les souterrains et la fausse Juliette
- Les tableaux et les siéges
- Le choeur de l'église
- La corniche de l'église
- Le baptistère miniature
- Le philtre d'ouverture
- Le réveil de Juliette
- La fin
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III - Troisième Partie
Le cimetière et la tour
Le cimetière de la Commanderie
Sous un ciel gris de plomb, le cimetière occupait une sorte de grande plate-forme adossée aux bâtiments conventuels. Comme dans la plupart des cimetières de congrégations religieuses, les tombes étaient de simples dalles de pierre anonymes. Dans la première partie du cimetière où je venais d'entrer, les sépultures, recouvertes de neige, étaient rangées de chaque côté d'une allée centrale, le long des murs des bâtiments et le long du parapet de pierre. La plate-forme dominait sur ma gauche un paysage sinistre de collines, de bois épais et de champs recouverts de neige. Je traversais l'allée pour m'approcher de l'autre partie du cimetière. En avançant vers la partie la plus large de la plate-forme, j'apercevais deux tombes, sur lesquelles se trouvaient deux gisants. Derrière les deux tombeaux, je découvrais une ville, où plutôt ce qui semblait être plusieurs gros bourgs. Le plus important se trouvait au creux de la vallée, où coulait un fleuve sinueux. Au premier plan, je remarquais un château fort défendu, par une énorme tour. Ce paysage m'était familier, sans que toutefois je puisse le nommer... Tout à coup j'avais compris! J'étais en train d'admirer Paris ! Paris en l'an de grâce 1329 ! Quand je dis admirer j'exagère, parce que ma visite guidée historique avait très vite tourné court, lorsque surgissant d'une tombe comme un voile de brume à l'odeur fétide, un zombi s'était précipité sur moi en poussant des cris de damné ! Je me retournais vers cette guenille ambulante pour le combattre. Le mort-vivant venait de se matérialiser au dessus d'une tombe. Comme si nous nous connaissions depuis des lustres, ce charmant garçon s'était précipité sur moi, machoire grande ouverte - son visage n'avait plus de lèvres, ni de cheveux, ni d'oreilles ! - pour m'étreindre mortellement entre les os verdâtres de ses bras décharnés !
Cette série de combats, contre les zombis n'avait rien eu d'une partie de plaisir. Pour combattre ces êtres infernaux, je pouvais, aussi bien me servir de mon épée, que les combattre à grands coups de poings et de pieds. Je décidais de poser la boîte à hologramme sur le sol gelé et j'avais mis en marche l'appareil !
L'hologramme avait fait merveille ! Les zombis, que le courage n'étouffaient pas, n'oaient pas affronter le chevalier à l'hologramme !
En quelques coups bien placés, mes adversaires macabres disparaissaient, eux aussi, dans un éclat de lumière... mais dans la minute qui suivait une nouvelle apparition remplaçait mon dernier adversaire pour me combattre avec la même fougue et le même acharnement ! Le nombre, l'intensité et la violence de ces combats entamaient inexorablement mes forces. Cette situation était devenue carrément intenable pour moi, lorsqu'une goule, plus forte, plus laide et plus féroce encore que les zombis, s'était jointe à ses petits copains pour me régler mon sort ! Cette engeance du démon, avait l'avantage -si je puis dire ! - d'être totalement insensible aux coups que je pouvais lui porter !J'avais cru, tout d'abord, pouvoir m'en sortir en me mettant à l'abri dans une petite guérite de pierre qui se trouvait adossée au parapet de la plate-forme. Pour une raison que je ne connaissais pas, les zombis et la goule, ne pouvaient pas m'y suivre. Ainsi, quand les combats devenaient trop durs ou trop épuisants, j'allais m'y abriter et me refaire une santé.
A l'intérieur de l'abri j'avais trouvé une fiole d'élixir qui me redonnait, pour quelque temps, une nouvelle vigueur !Mais cette situation, si elle me permettait de faire face et ne point succomber sous les coups des morts vivants, ne me laissait aucune chance de m'approcher des tombes des chevaliers, ni de ressortir de ce lieu maudit.
On peut, si on le désire, désigner ces guérites sous leur nom exact : échauguettes. Elles servaient aux gardes pour se mettre à l'abri et se protéger des projectiles tirés par des assaillants.
J'avais rassemblé mes forces pour bondir de mon abri et me frayer un chemin jusqu'au centre de la partie la plus large de la plate-forme.
Les morts vivants tenus à distance, j'avais pu enfin m'approcher des deux tombeaux de pierre.Il s'agissait des sépultures de deux autres chevaliers : PAYEN THIBAUD DE MONDIDIER et JOFFROY BISOT
Je passais la main sur le visage de pierre du premier chevalier pour ôter la neige qui le recouvrait. Etrange sensation... je contemplais mon propre visage, gravé depuis tant de Siècles dans le granit bleu...J'introduisais rapidement les deux gemmes AMETHYSTE et OPALE dans les logements qui leurs correspondaient, alors que derrière moi, les cris de fureur des zombis et de la goule redoublaient d'intensité.
Une hache à double tranchant, et une cotte de maille étaient apparues au dessus des tombes des deux templiers.Armé de pieds en cap, protégé par la cotte de maille, j'étais retourné au combat, ragaillardi par une nouvelle ardeur. Cette fois, ma hargne et mes armes avaient eu plus de résultat en ce qui concernait les zombis... Ils avaient fini par disparaître de la plate-forme. Seule la goule, insensible aux coups que je lui portais, continuait à me faire face et m'empêchait de sortir du cimetière...
Une goule, c'est une créature du démon ? Le démon a horreur de tout ce qui représente le bien ? Alors?... En fouillant une nouvelle fois dans mes poches, j'avais retrouvé la petite croix de bois d'épine qui avait appartenu à Gallois. En évitant d'être frappé par la goule, je parvenais à m'approcher suffisamment près d'elle, pour lui coller le crucifix en pleine poitrine... La goule n'avait pas aimé du tout ! Elle s'était mise à gueuler et à pousser des cris stridents, avant de disparaître d'où elle était venue... dans les enfers ! De cette affreuse apparition, il ne restait qu'une dent que je repoussais d'un pied vengeur dans la neige.Seule l'odeur méphitique des démons flottait encore sur la plate-forme. Je reprenais mon souffle avant de sortir du cimetière maudit par la porte d'une tour octogonale. Oui, mais pour sortir il fallait pouvoir ouvrir cette porte ! Elle était hermétiquement close et ce n'était pas à coups d'épaules que je parviendrais à l'ouvrir ! Derrière moi, l'odeur se faisait plus présente. Cette odeur me déplaisait à un point tel qu'elle m'avait sans doute aidé à trouver la solution. En examinant de près la serrure, je remarquais que la clef qui devait servir à l'ouvrir devait avoir une forme bizarre... Bizarre, j'avais dit bizarre... Et cette dent de goule, n'était-elle pas bizarre ? Après l'avoir retrouvée dans la neige, je l'avais introduite dans la serrure ! La porte s'était immédiatement ouverte.
Objets trouvés = une dent de goule, une bouteille d'élixir, une cotte de maille, une hache à double tranchant
La Tour octogonale (rez-de-chaussée)
J'étais vraiment satisfait d'en avoir terminé avec mon séjour chez les têtes en os. Mains dissimulées dans les manches de mon habit, capuche enfoncée sur les yeux, comme n'importe quel moine de l'abbaye, je m'avançais dans la partie centrale de la tour octogonale.
La porte qui menait à la chapelle était fermée, et ce qui m'empêchait de l'ouvrir c'est le chant que je percevais de l'autre côté. Le requiem que j'avais entendu tout à l'heure, dans la bibliothèque, venait de là ! Il devait y avoir un sacré nombre de moines derrière cette porte, et mon arrivée au milieu de cette chorale infernale n'était sans doute pas recommandée ! Sur la gauche de ce vestibule et à ma droite en entrant, je remarquais les premières volées d'un escalier qui semblait monter vers le sommet de la tour... Plusieurs solutions s'offraient à moi pour progresser dans ma quête et ressortir de cette tour :
Je pouvais chercher un passage secret, pour ne pas avoir à traverser toute la Commanderie en plein jour. Mais par où et comment faire, sans courir le risque de me faire surprendre et passer trop de temps dans la recherche de ce passage secret ?
Ne fallait-il pas plutôt que j'attende la sortie des moines de l'église et que je sorte de la tour avec eux pour me rendre jusqu'à la bibliothèque ? De là je pourrais repasser derrière la bibliothèque et redescendre dans les sous-sols des cachots ! Mais en y réfléchissant bien cette solution me paraissait trop risquée. A la première erreur, au premier contrôle des soldats qui patrouillaient dans la Commanderie, j'étais sûr d'être découvert, pris et mis à mort !
Il me restait en fait deux solutions : Soit chercher un passage secret dans ce vestibule, soit monter dans la tour pour tenter de trouver un passage ou une issue par cette tour !Le sommet de la tour
Je me décidais à tenter ma chance en empruntant les escaliers qui menaient au sommet de la tour. Parvenu au premier étage, je m'étais rendu compte qu'il m'était impossible de parvenir au sommet. Une énorme calotte de bronze rendait impossible l'accès au sommet de la tour octogonale. A l'instant où, dépité par tous ces obstacles sur ma route j'allais redescendre par l'escalier, j'avais aperçu tapi dans l'ombre, à quelques mètres de moi, une silhouette d'homme à la haute stature impressionnante. J'empoignais mon épée et m'apprêtais à me battre lorsque j'avais eu la surprise de reconnaître Béroual, le troubadour qui m'avait si efficacement aidé à m'échapper de mon cachot.
Je m'avançais vers le troubadour muet, bras tendus.
"Béroual! Je suis vraiment heureux de te retrouver ! Mais j'y songe, toi qui a l'air de bien connaître la Commanderie, peux-tu m'indiquer où Montfaucon et Wolfram ont enfermé ma fiancée Juliette?..."
En me souriant, le troubadour m'avait fait signe de le suivre.
Le rez-de-chaussée de la tour octogonale de la chapelle
De retour au rez-de-chaussée de la tour octogonale, Béroual m'avait conduit jusqu'à la porte qui donnait sur le cimetière maudit. Allait-il me faire signe de repasser par là ? Pour ce qui me concernait, il n'en était absolument pas question ! Il n'en était heureusement rien ! Béroual s'était approché d'une sculpture de monstre, qui décorait un des murs. Il l'avait abaissé de quelques centimètres en poussant dessus...
Une partie du mur s'était effacée, découvrant un passage étroit, sans le moindre éclairage. Le troubadour m'avait fait signe de pénétrer dans l'étroit boyau. Je pénétrais dans le passage secret.
Lorsque je me retournais pour voir si le troubadour me suivait, je constatais que Béroual n'était plus là. Cet homme avait décidément une nette préférence pour les solutions individuelles !Résolument, je m'enfonçais dans le noir de l'étroit couloir. J'espérais alors que la piste que m'indiquait mon ami Béroual me conduirait discrètement et rapidement vers Juliette !
Les souterrains et la fausse Juliette
Les couloirs de la prison de la Commanderie
Il m'avait fallu tourner un bon moment dans ce véritable labyrinthe de couloirs mal éclairés avant de retrouver le chemin qui menait à la partie de la prison où se trouvait mon ancienne cellule.
C'était peut-être dans ces véritables culs de basses-fosses que Wolfram et ses sbires enfermaient leurs plus farouches adversaires. Connaissant le caractère de ma fiancée, je me doutais qu'il n'en fallait pas moins pour la retenir prisonnière !La première partie de mon trajet dans le couloir obscur, s'était passée sans que je rencontre âme qui vive... jusqu'à ce que je me retrouve dans le secteur des cachots. Dès que j'avais retrouvé les couloirs qui menaient aux geôles, j'avais du affronter une surprise bien désagréable qui m'attendait au milieu de la pièce. Un diablotin ! Une sorte de démon rouge, à la gueule de hyène, aux ailes de chauve souris et aux griffes de rapace.
La bestiole n'était pas grande, mais en revanche, ce qu'elle perdait en taille, elle le gagnait en agressivité ! Je dûs lui flanquer une sacré correction avant d'avoir le plaisir de la voir disparaître dans un flash de lumière et mes coups de poing étaient sacrément plus efficaces que mes coups de pied ! Décidément il ne me fallait pas traîner.Après cette alerte je compris que pour ne pas donner l'alerte à toute la garnison, j'allais encore devoir affronter avec la plus grande efficacité le garde qui patrouillait dans le couloir.
Le sentiment de progresser et peut être de retrouver dans peu de temps ma fiancée, m'avait donné un regain de forces et de détermination. En trois temps et quelques bons mouvements, j'avais transformé mon adversaire en flash lumineux... sur le sol à la place du garde, j'avais trouvé et empoché une nouvelle clef !
Lorsque j'arrivais devant l'ancienne cellule de Béroual, mon coeur s'était brusquement emballé. De l'autre côté des grilles, liée par les mains à un poteau de torture, je venais de reconnaître la silhouette gracile et les longs cheveux de Juliette ! Au terme de toutes ces épreuves j'étais récompensé de mes efforts ! Je venais enfin de retrouver ma fiancée !
Juliette ! Enfin! Je t'ai cherché partout !
Je n'avais rien trouvé d'autre à dire. Les belles phrases et les longs discours je les remettais à plus tard, lorsque nous serions loin de ce cauchemar.
Objet trouvé = une clef
La cellule de Juliette dans les cachots
Le coeur battant la chamade, les tempes en feu, je franchissais les grilles de la cellule, pour courir vers Juliette. Je m'arrêtais derrière elle. Juliette me tournait le dos. Elle ne bougeait pas et ne se retournait pas. Peut-être était-elle évanouie ? lorsque je m'étais avancé tout près d'elle, Juliette avait tourné la tête. Son cou avait fait un tour complet sur lui même ! En hurlant, le monstre à la tête de saurien grimaçant avait tenté de me planter ses crocs dans la gorge.
Le visage révulsé par l'horreur, je m'étais plaqué contre la grille de fer.
J'avais tout de suite pensé que pour terrrasser ce monstre, qui ressemblait à la goule du cimetière maudit, et pour le précipiter dans les feux de l'enfer... je possédais ce qu'il fallait. Une seconde fois je sortais de ma poche la croix de bois d'épine. Rapide et puissant, le monstre m'avait balancé un coup de griffes qui m'avait collé contre les grilles de la cellule.
Pour utiliser la croix sacrée, il fallait que je trouve un moyen de m'approcher de ce monstre écumant qui se dressait en hurlant en face de moi !Toutes griffes dehors, la chose hideuse s'était avancée sur moi. Il me fallait parer ses coups et lui faire regretter sa plaisanterie de mauvais goût ! J'empoignais le coutelas et lui en flanquais un grand coup dans les mollets. Ce coup de Jarnac avant l'heure*, avait raccourci la goule verte d'une bonne dizaine de centimètres. Elle s'était affalée en arrière en battant l'air de ses griffes. Je m'étais jeté sur elle pour dégager son poitrail décharné. Au centre de son sternum j'avais aperçu un tatouage diabolique.
* Guy Chabot baron de Jarnac qui inventa en duel un coup devenu celèbre, contemporain de François 1er, vécu de 1509 à 1572, soit environ 200 ans , après cette aventure !
La goule immobilisée sur le sol, j'avais pris la croix de bois d'épine pour la plaquer sur le tatouage. La chose avait poussé un grand cri de rage. Il y avait eu un éclair, un nuage de fumée. Dans une odeur d'incinérateur d'ordures, la goule avait disparu pour rejoindre son créateur ... en me laissant une fiole de vie !Ouf ! Je venais une fois de plus d'échapper de justesse au piège que m'avait tendu Wolfram. Car qui d'autre que cet esprit torturé et malfaisant était capable d'une telle traîtrise ? Je retournais sur mes pas en me demandant où, cette fois, il me fallait porter mes recherches ? Une idée m'était alors venue à l'esprit :
"Au fait!... Si le sommet de la tour octogonale était aussi bien protégé ! C'est parce que c'était certainement là que je retrouverais Juliette !...."
Je me précipitais vers le passage secret...
Objet trouvé = une fiole de vie
La bibliothèque
Je débouchais, comme la première fois derrière le meuble bibliothèque qui cachait le passage secret. A mon grand soulagement , la pièce était vide. Je n'avais pas perdu de temps pour en ressortir le plus discrètement possible.
Le déambulatoire du cloître
Je remontais aussi vite que possible le déambulatoire pour me diriger vers la chapelle. Là encore, la chance m'avait souri... Je n'avais fait aucune mauvaise rencontre !
Les tableaux et les sièges
La chapelle du cloître
N'entendant plus un bruit, j'entrais dans la chapelle. Elle était déserte, mais les portes qui donnaient sur le vestibule étaient closes et impossibles à ouvrir ! Maintenant, j'avais l'avantage d'être seul là où tout à l'heure le choeur chantait ses psaumes. A pas prudents, près à combattre, je me dirigeais d'abord vers une des chapelles latérales pour découvrir un vitrail très coloré. Ce vitrail portait une inscription :
" La vérité est toujours plus dure que le mensonge"...
Ce genre d'inscription ne devait pas avoir été inscrit pour rien sur ce vitrail !... Je réfléchissais pas mal de temps, en imaginant plusieurs hypothèses. J'avais fini par trouver : C'était sur ce vitrail que je devais essayer la dureté des trois diamants.
Lorsque j'avais essayé de rayer le vitrail avec le premier diamant, ce dernier s'était brisé en mille morceaux !...
Le second s'était désintégré de la même façon.
Lorsque j'avais essayé le troisième diamant, il avait rayé le vitrail qui s'était instantanément illuminé. La pierre brillante et pure dans ma main était intacte !
En passant dans l'autre chapelle latérale qui faisait pendant à la première, j'avais trouvé un sarcophage qui supportait un gisant de templier. Au centre de l'écu, que le chevalier portait sur sa poitrine, il y avait un trou de la dimension du gemme que je tenais toujours dans ma main.
J'allais, sans trop réfléchir y glisser le diamant lorsque je m'étais interrompu. Rien ne m'indiquait qu'il s'agisse de la tombe d'Hugues de Payens ! J'avais donc remis le diamant dans ma poche, en préférant attendre avant de perdre bêtement cette pierre plus que précieuse ! Je me dirgeais ensuite ves l'autre extrémité de la chapelle. Elle était magnifique et grandiose, tant par ses dimensions que par son architecture dépouillée.
Je longeais les douze tableaux qui représentaient le chemin de croix pour m'avancer vers le choeur. Chacun des tableaux portait un chiffre gravé.
Pour réfléchir et prendre quelque repos, j'allais m'asseoir sur une des miséricordes, un petit siège de bois qui se trouvait dans les stales qui faisaient le tour du choeur. Je passais la main sur les moulures de bois pour admirer le travail de l'ébéniste qui avait exécuté un travail d'une telle qualité. C'est en relevant la petite miséricorde que j'avais découvert la sculpture. Il s'agissait d'un petit personnage qui tenait dans ses mains le chiffre - I - gravé en relief.
Je venais de tomber par le plus grand des hasards sur un rébus ! Il fallait que je parvienne à le déchiffrer pour ce qu'il cachait !Seuls dans les stalles deux autres sièges portaient sous leur miséricorde une sculpture de bois décorée d'un chiffre. Le second siège portait le chiffre - II - , le troisième le chiffre - IV
J'avais immédiatement pensé que ces chiffres devaient correspondre à ceux qui se trouvaient sur les tableaux du chemin de croix.
J'avais d'abord été appuyer sur les trois chiffres - I - II - et - IV -, sans obtenir de résultat.
J'avais ensuite additionné ces trois chiffres.
J'avais été appuyer sur le chiffre de la station -VII -
Au dessus de moi, très loin, dans le bâtiment il y avait eu un bruit d'une lourde mécanique qui se mettait en branle ! Les portes de la chapelle s'étaient ouvertes sur le vestibule et l'escalier qui conduisait au sommet de la tour.
Au bruit de métal que je percevais j'avais compris à quoi correspondait la résolution de ce rébus : Il faisait également fonctionner le mécanisme d'ouverture de la coupole de bronze !Je fonçais aussi vite que possible vers l'escalier qui menait à la tour octogonale quand brusquement je m'étais trouvé face à une nouvelle apparition du chevalier noir. Le combat qui nous avait opposé avait été tout à la fois bref et violent, bref parce que je voulais en finir de ces apparitions infernales, violent en raison de ma rage à devoir faire face à tant et tant d'obstacles pour retrouver ma fiancée. A l'issue de ce duel une heureuse surprise m'avait redonné tout à la fois de l'espoir et de la crainte : en s'évanouissant dans un flash de lumière, le chevalier noir avait laissé un objet sur le sol. Mon coeur s'était mis à battre encore plus fort lorsque je l'avais reconnu : c'était le bracelet que j'avais offert à Juliette un an auparavant et dont elle ne se séparait jamais ! Juliette était dans cette Commanderie, mais dans quelles conditions de détention ? Je n'osais même pas me poser la question la plus angoissante : Etait-elle encore vivante ?
Objet trouvé = le bracelet de Juliette
La tour octogonale de la chapelle du cloître
Je grimpais les marches de l'escalier quatre à quatre. Je parvenais au premier étage, juste à temps pour apercevoir le dôme de bronze qui finissait de pivoter pour libérer l'accès au sommet de la tour.
Tête renversée en arrière j'avais vu passer, dans l'ouverture au dessus de moi un vol d'oiseaux dans le ciel gris, où tombaient quelques flocons de neige.Parvenu sur le palier où j'avais retrouvé Béroual, je constatais que si le dôme avait libéré l'ouverture du toît, cela ne réglait pas le problème. Il n'y avait aucun escalier pour parvenir au sommet de la tour....
Le clair obscur qui régnait à ce premier étage de la tour, m'avait masqué jusque-là la corde qui pendait dans le vide. En m'en saisissant, je constatais qu'elle passait tout là haut, dans une poulie, qui elle même était fixée à un anneau de fer au centre de la coupole intérieure. Mais avec ce système il ne m'était pas possible de monter à la corde au sommet de la tour, sans trouver de contre-poids ... Un contre-poids ? J'en avait trois, là, un peu plus loin ! Ces trois pierres de différentes tailles qui comportaient chacune un anneau, semblaient justement là pour permettre à celui qui utilisait la poulie de parvenir au sommet de la tour ! Il me suffisait simplement d'attacher l'une de ces pierres à une des extrémités de la corde, puis de balancer la pierre dans le vide... Par contre-poids, Hop ! La corde me tirerait tout simplement vers le sommet ! Aussi simple que cela !
Mais c'est en soulevant chacune des trois pierres que j'avais flairé le piège. Si je choisissais une pierre trop lourde comme contre-poids, elle me faisait monter si vite vers le sommet que j'avais toutes les chances de me fracasser le crâne contre la maçonnerie en arrivant !
Si par contre, je choisissais une pierre trop légère, c'est moi qui faisait contre-poids, et qui allait m'écraser sur les dalles du rez-de-chaussée ! Il fallait donc que je choisisse la bonne pierre ! La pierre de poids moyen pour réussir mon ascension !J'avais accroché une des trois pierres à la corde... et j'avais fait une petite prière, avant de la balancer dans le vide... J'avais ressenti une secousse... Avec la douceur et la rapidité semblable à celle d'un ascenceur de l'Empire State Building, je m'étais retrouvé en quelques secondes sur la corniche de pierre, au sommet de la tour !
Le sommet de la tour octogonale
Le froid et la bise qui soufflaient sur le sommet de la tour m'avaient fait me hâter. Au point de négliger de jeter un regard sur le paysage qui m'entourait.
En faisant le tour de la terrasse de la tour j'avais couru jusqu'à la tombe du dernier des templiers. Je venais de découvrir le sarcophage d'Hugue de Payns, le premier Grand Maître de l'Ordre.... Sans perdre un instant, j'avais introduit le diamant dans l'orifice qui se trouvait sur le sarcophage...Un cor était apparu au-dessus de la tombe de pierre sombre.
J'allais rebrousser chemin pour poursuivre ma quête. Je me retournais vers la tombe lorsque, sortant du tombeau j'avais entendu la voix d'Hugues de Payns :
"La route te sera longue encore,
mais ne te décourage point..
Au bout du chemin tu trouveras l'Unité...Va !"A cet instant, de chaque côté de la terrasse, me coupant toute retraite, plusieurs soldats avaient envahi le sommet de la tour et pointaient leurs lances sur moi. Un coup terrible derrière la nuque m'avait fait perdre connaissance. Je plongeais dans un trou noir, sans fond....
Objet trouvé = 1 cor
Le choeur de l'église
Le choeur de l'église paroissiale
La première impression que j'avais éprouvé c'était un sacré mal de crâne ! La première image que j'avais perçue avait été celle d'une série de barreaux. J'avais d'abord pensé que je me retrouvais à la case départ de mon aventure au Moyen Age : Dans la geôle des souterrains de la Commanderie. Mais lorsque j'avais complètement ouvert les yeux, je m'étais rendu compte que, si j'étais effectivement enfermé dans une cellule, celle-ci se trouvait au centre du transcept de l'église de la Commanderie ! En observant la taille de la serrure et l'épaisseur des barreaux, je m'étais rendu compte qu'il ne faudrait, là encore, pas compter sur la seule force de mes muscles pour me sortir de là !
Alors que je commençais à trouver le temps long, j'avais entendu des bruits, des bruits étouffés et des pas qui approchaient ! Même si je ne me donnais pas beaucoup de chance de triompher d'un quelconque adversaire, je me jurais de vendre chèrement ma peau avant de succomber. Ma détermination était d'autant plus forte que j'enrageais littéralement de perdre la partie sans avoir retrouvé Juliette.
Je me tournais et me mettais en garde dans la cage étroite pour faire face à mon adversaire.... Béroual venait d'apparaître à l'entrée de l'église. A le voir approcher ainsi, je constatais qu'il portait les traces de nombreuses blessures mais que ses yeux brillaient de l'orgueil de la victoire. J'avais poussé un cri de triomphe presque malgré moi lorsque que je l'avais vu entrer dans la grande nef. Le troubadour, qui me souriait d'un oreille à l'autre, m'avait fait un signe de la main.
A cet instant au dessus de nous, une porte s'était ouverte dans la galerie supérieure. Wolfram s'était approché tout contre la balustrade de pierre de la galerie pour observer ce qui se passait. Ses yeux brillaient de haine. Béroual, qui semblait n'attacher aucune importance à la présence du moine, s'était mis à courir pour arriver plus vite à ma cage. Il avait sorti un trousseau de clefs et en avait donné un premier tour, lorsqu'un trait d'acier l'avait frappé entre les deux omoplates. Le brave colosse avait fait un pas en arrière, une grimace de douleur avait crispé son visage et, sans même se retourner, il avait donné le dernier tour de clef pour libérer la serrure. Montfaucon, à côté de Wolfram brandissait encore son arbalète. En bas, dans le choeur, le bourreau venait d'entrer dans la nef. Nous étions cernés ! Dans la galerie au-dessus de nous, le colosse au pilon d'acier avait pris tout son temps pour ajuster son second tir. Béroual avait tout juste eu le temps d'ouvrir la porte. Son large dos m'avait protégé lorsqu'il avait encaissé le second trait d'arbalète. Montfaucon de la galerie avait fait un signe au bourreau pour qu'il aille achever la besogne qu'il avait si bien commencé."Vas Sans Merci! Vas ! Achève le troubadour et occis le jeune templier !!"
Sans Merci, le bien nommé, sa hache à la main avait foncé dans notre direction.
Pâle, le souffle court, Béroual m'avait fait un signe que j'avais mis quelques secondes à comprendre. Il avait levé le pouce et l'avait porté à sa bouche... Il voulait boire ? Béroual n'avait pas eu la force de répéter son geste, il s'était écroulé sur le sol, agonisant. Le cor! Il s'agissait du cor! Le troubadour voulait que je souffle dans le cor !
Le cor était là devant moi, posé sur une table ! Mais de l'autre côté de cette table il y avait Sans Merci qui levait sa hache pour me frapper. J'avais bondi et attrapé le cor à l'instant ou le bourreau abattit sa hache à quelques centimètres de ma tête. Je me relevais et avant que mon adversaire n'ait eu le temps de me porter un autre coup, je soufflais de toutes mes forces dans le cor. J'avais eu l'impression de recevoir une sorte de décharge d'énergie qui m'avait parcouru le corps de la tête aux pieds ! Je me sentais changé d'apparence, mon corps entier se couvrait d'une pellicule dorée, qui se transformait en une cuirasse d'or, ma tête se recouvrait d'un casque qui couvrait entièrement mon visage... J'étais Horus... Dans mon armure d'or qui rayonnait de lumière, je sentais monter ma colère. Elle montait comme un fleuve de feu, elle montait dans mes veines. Mes bras se tendaient pour combattre.
A portée de mon bras, grotesque et inutile, un insecte rouge, se dandinait, une hache à la main. Je devais le détruire, l'éliminer comme une punaise gluante qu'on écrase d'un coup de talon !Devant moi le corps de Béroual disparaissait sur les dalles de pierre. A sa place resplendissait une massue d'airain. C'est avec cette arme que j'allais faire oeuvre de justice !
Mon apparence et ma force avaient fait reculer le bourreau. Il avait beau mouliner dans tous les sens pour tenter de me frapper de son arme, j'avançais imperturbablement sur lui. De la galerie, Montfaucon continuait à tier des traits d'arbalète dans ma direction. Pour échapper aux traits d'acier qui auraient pu finir par entamer ma force nouvelle, j'avais entrainé Sans Merci dans une autre partie de l'église, sous la galerie. De là, il était très difficile, voir même impossible à Montfaucon de m'atteindre de ses traits d'acier. Le duel, si on peut nommer ainsi la correction que j'infligeais au bourreau, n'avait pas duré très longtemps. La massue d'airain dans ma main semblait animée par sa propre énergie. C'est presque sans que je fasse d'effort qu'elle avait fini par fracasser d'un coup en plein front, le crâne du bourreau !
Wolfram au-dessus de moi, dans la galerie revenait vers la porte par laquelle il était apparu. Son visage était crispé par la colère, pourtant il avait éclaté d'un rire de défi avant de refermer devant lui les deux épais battants. Il fuyait, il fuyait comme Montfaucon! Montfaucon lui aussi fuyait à son tour. Je l'apercevais qui courait dans la galerie, vers la rosace du grand vitrail !
Il devait payer ! Il devait succomber.
Après lui, viendrait le tour du moine démoniaque.
Je me dirigeais vers la petite chapelle et poussais sur la croix. Un mécanisme secret ouvrit la porte près de la cage de fer et j'empruntais les escaliers derrière la porte sous la galerie. Je ne sentais pas les marches sous mes pieds. Je volais littéralement vers l'étage supérieur de l'église... Devant moi, tout au fond, j'apercevais Montfaucon qui brisait d'un coup d'épée le vitrail sacré pour fuir à l'extérieur. Rien ne pourrait m'empêcher de le rejoindre, où qu'il aille, même aux enfers !Objets trouvés = un cor, une massue d'airain, une croix de bois d'épine
La corniche de l'église
La terrasse du toit de la Commanderie
Je franchissais à mon tour la rosace brisée. ... Mon corps d'airain s'était élevé sans effort. Je prenais pied sur la terrasse qui bordait le toit principal ! Monfaucon était là ! L'épée haute, l'épieu d'acier pointé sur moi, tel un scolopendre qui s'apprête à frapper! Je me jetais sur lui.
L'écho de nos assauts se répercutait en échos sonores d'un bâtiment à l'autre de la Commanderie. Le renégat hurlait sa rage, croyant qu'il pourrait triompher.Lorsque je décidais que le combat devait maintenant s'achever, j'amenais peu à peu mon adversaire au bord de la terrasse, là où le parapet était écroulé. J'armais mon bras et d'un coup fatal j'abaissais la massue ! Montfaucon avait titubé, fait un pas en arrière, un autre encore, et soudain le sol derrière lui s'était dérobé !
Ses bras avaient battu l'air. Ses yeux révulsés par la peur et l'angoisse m'imploraient. Sa bouche horrible criait encore lorsqu'il avait basculé dans le vide. Il avait eu le temps de se voir mourir ! Juste avant que son corps n'atteigne le sol, il y avait eu un éclair !
Montfaucon avait vécu ! Adieu, âme damnée !Au bord du vide, je contemplais le vide en contrebas. Il m'était revenu en mémoire que William souffrait du vertige. Horus s'était mis à rire. Etait-ce Horus, pour se moquer, ou William qui s'étonnait ? Qui avait prononcé cette phrase ? Je ne l'ai jamais su :
" Et dire que jusqu'à aujourd'hui je croyais que je souffrais du vertige!"
Dans ma main la massue, comme apaisée, s'était mise à palpiter. J'avais compris le message. Je l'avais fait tournoyer dans le ciel avant de lui rendre sa liberté. Elle s'était élevée dans le ciel, entourée d'un halo brillant. Ses ailes s'étaient lentement déployées. Le faucon avait levé sa tête au bec doré. Il s'était tourné vers moi en inclinant son aile gauche en signe d'amitié. J'avais tendu le bras pour saluer son envol.
"Merci pour ton aide Béroual ! Adieu mon ami !"
Tout à coup, j'avais eu la sensation du froid intense et de la bise qui parcourait les toits de la Commanderie... J'étais de nouveau William. Je portais la chasuble de lin blanc, marquée de la croix templière, qui recouvrait ma cotte de mailles. Mes armes pendaient à ma ceinture.
Il me restait beaucoup de choses à faire et il m'était agréable d'avoir retrouvé mon aspect le plus naturel. Celui, en tous les cas, auquel j'étais le plus habitué depuis plusieurs siècles !
Le baptistère miniature
Le choeur de l'église paroissiale
Revenu dans l'église, je constatais que toutes ses issues étaient hermétiquement closes. Il me fallait donc chercher le moyen le plus rapide pour en sortir ... pour retrouver Juliette et, j'y tenais beaucoup désormais, poursuivre Wolfram pour lui infliger le sort qu'il méritait. J'avisais alors un flambeau sur lequel je poussais pour ouvrir la porte à la poursuite de Wolfram. Puis, je redescendais dans le choeur. Je visitais tous les coins et recoins du superbe édifice. J'admirais au passage la beauté des fresques anciennes d'une chapelle latérale et, de l'autre côté, celle d'un énorme et très ancien batistère de pierre. Il me semblait bien improbable qu'il puisse se trouver un passage secret sous un bloc de pierre aussi lourd... A moins que justement ! Je m'escrimais pendant plus d'une heure à chercher le moyen d'ébranler cette masse de granit de plus d'une tonne. J'abandonnais, certain d'avoir épuisé toutes les solutions possibles.
Je contournais le choeur pour entrer dans la tour carrée.La tour carrée de l'église paroissiale
Au rez-de-chaussée de la tour carrée, située derrière le choeur, j'avais aperçu un escalier qui semblait conduire jusqu'au sommet de la tour. Epée à la main, pour ne pas me laisser bêtement surprendre par une nouvelle ruse de Wolfram, je grimpais les marches quatre à quatre.
Sur la plate-forme de la terrasse ,j'avais eu la surprise de découvrir une seconde statue d'Hugues de Payens !
Le torse du chevalier était orné d'une bague creuse qui portait une empreinte en forme de croix.
Il m'avait suffi d'y adapter la petite croix de bois d'épine que possédait Gallois pour que la statue...
Dans un bruit de mécanique rouillée, une cache secrète venait d'apparaître.A l'intérieur, j'y avais reconnu la reproduction du baptistère de pierre qui se trouvait dans une des deux chapelles latérales de l'église... Je commençais à connaître les manies des inventeurs de ces énigmes mécaniques... Je poussais la reproduction du batistère en avant. Lentement, il glissait sur un axe invisible...
Plus bas, dans l'église, un bruit d'horloge mécanique et un raclement de pierre contre pierre s'étaient fait entendre.... Je me précipitais vers les escaliers pour rejoindre le plus vite possible l'église.
Le choeur de l'église paroissiale
Je descendais en voltige l'escalier en colimaçon, puis sans reprendre mon souffle, je débouchais dans la chapelle latérale, là où se trouvait le baptistère. Le gros bloc de pierre pivotait et glissait, sans effort, comme s'il se fût agi d'une balle de paille ! Je m'approchais pour découvrir l'ouverture sombre d'un puits. Quelque chose me disait que je venais enfin de découvrir le passage qui menait à l'antre du sinistre WOLFRAM !
Sans marquer la moindre hésitation je décidais de descendre aussitôt dans le puits obscur pour me lancer à la poursuite du moine...
Le philtre d'ouverture
La première et le deuxième pièce de la crypte noire dans les sous-sols de l'église paroissiale.
Après avoir passé un couloir étroit, décoré de sculptures qui toutes représentaient des démons, je débouchais dans la première pièce de la crypte noire de l'église.
Les murs disparaissaient sous les rayonnages de plusieurs bibliothèques. Elles contenaient toutes des livres manuscrits qui traitaient, pour la plupart, de sorcellerie et de magie noire...
J'avais découvert dans le fond de cette seconde pièce, tout un matériel d'alchimiste: cornue de verre, philtres, poudres, creusets, fioles remplies de liqueurs et mortiers, disposés sur une grande table de bois.
Au centre de la deuxième pièce, la gueule ouverte d'un four d'alchimiste éclairait de lueurs oranges la statue un peu plus loin de SAINT BERNARD - le nom du Saint, créateur de l'ordre des Templiers, était gravé sur le socle - Cette statue était placée au centre d'une grille qui interdisait le passage dans une troisième pièce.
De loin, et heureusement pour moi, malgré la lumière rouge qui rendait difficile la bonne perception de tous ces objets bizarres, j'avais eu le temps d'apercevoir que la statue de Saint Bernard, était placée au centre d'un pentacle maléfique, tracé sur le sol avec une poudre noire.
Pour m'approcher de la statue, il aurait suffi que j'entre ou même que je frôle ce pentacle, pour être foudroyé et renvoyé dans les limbes !
Pour me débarasser de ce pentacle et pouvoir ainsi accéder à la grille ? J'avais été prendre dans la seconde pièce un brandon enflammé dans la gueule du four. J'étais revenu sur mes pas pour tenter d'enflammer le tracé de poudre noire du cercle infernal.
Dans une soudaine explosion, le pentacle avait tout simplement disparu ! Simple! Tout semblait si simple... que je m'attendais forcément à de bien plus grandes difficultés !
Je m'approchais de la statue...Il ne m'avait pas fallu beaucoup de temps pour me rendre compte que là encore, il me faudrait trouver un autre moyen que la force musculaire pour franchir ce nouvel obstacle.
J'observais en détail la statue. La statue du saint homme tenait dans chaque bras deux gros livres. L'un, à gauche, était présenté ouvert, l'autre, dans son bras droit était fermé... Les deux livres portaient chacun une petite ouverture ronde ....Je revenais, perplexe, dans la deuxième pièce et j'y trouvais un grand livre ouvert, posé sur une petite table.
Je méditais sur le hasard, s'il s'agissait bien du hasard, qui arrangeait décidément bien les choses ! Ce livre m'offrait, grand ouvert, la formule pour fabriquer un produit qui permettait de passer l'obstacle de la grille ! S'agissait-il du hasard ou, plus certainement d'un autre piège tendu par Wolfram ?
Je m'approchais pour déchiffrer le texte de la page de gauche. Elle ne portait qu'une courte phrase, une sorte de dicton :
"Le livre du sage doit rester un secret pour le sot"
La page de droite portait le texte de la formule :
PHILTRE POUR L'OUVERTURE
Un gros de plomb en grain,
Mélangé
A un demi setier de poudre d'étain.
Y ajouter
L'eau lustrale en quantité double du volume des deux premiers...
Parfaire le mélange en
Versant
Une pinte de poudre d'antimoineJe prenais la décision de fabriquer le produit. Le piège, puisqu'il y avait forcément un piège, ne devait pas se trouver là, dans la fabrication de cette formule.
J'allais prendre dans les différents mortiers situés sur les étagères des deux pièces, les éléments nécessaires à la préparation du mélange. Je les versais dans une éprouvette. L'éprouvette à la main, je retournais vers la statue. J'avais également trouvé une corde et un seau vide.
La phrase inscrite dans le grimoire tournoyait dans ma tête.... Le livre du sage doit rester fermé.... Le livre du sage... ouvert... fermé... ouvert ? fermé ?
J'avais versé le contenu de l'éprouvette dans le livre fermé...
Pour quelle raison ? Le sage travaille en silence, seul . Il ne divulgue pas à n'importe qui ses secrets et sa connaissance. Il n'ouvre pas son livre au premier venu. A l'inverse, le sot fait état de son savoir, étale sa science. Parce qu'il veut qu'on l'admire, il ouvre son livre à tous ceux qui passent à sa portée ! Je connaissais pas mal de gens, ici et ailleurs, qui correspondaient parfaitement à cette description !
De chaque côté de la statue de Saint Bernard, la grille s'était escamotée dans le mur. Je pouvais dès lors, pénétrer dans la pièce suivante.
Passé un couloir sombre et voûté... J'avais aperçu une nouvelle porte. Bizarre, elle était ouverte !
J'entrais, non sans me tenir sur mes gardes.Objets trouvés = un brandon enflammé, un gros de plomb en grain, un demi setier de poudre d'étain, eau lustrale , une pinte de poudre d'antimoine, une éprouvette, une corde, un seau vide
Le réveil de Juliette
La seconde pièce de la crypte noire dans les sous-sols de l'église paroissiale :
Je ne m'y attendais pas! J'avais dû y regarder à plusieurs fois avant de me rendre compte qu'il ne s'agissait pas d'un nouveau leurre. Juliette! J'apercevais le corps de Juliette! Ma fiancée était allongée sur une sorte de grande table de pierre, placée au centre de la salle ronde. En m'approchant à pas prudents - je me souvenais de ma rencontre avec la goule à gueule verte dans la cellule - je remarquais que le visage de la jeune fille, son cou et toutes les parties apparentes de son corps étaient recouvertes de formules magiques, tracées à même la peau....
Juliette était vivante, sa poitrine, se soulevait au rythme lent de sa respiration, mais elle se trouvait en état cataleptique...J'étais regonflé à bloc, heureux au-delà des mots, mais toujours sur la défensive. Je m'étais mis en quête de trouver un moyen, une formule, ou un produit qui me permettraient de faire retrouver ses sens à ma fiancée.
J'avais d'abord remarqué le bâton d'osiris surmonté du sceau de métal rond. Le même que celui que j'avais aperçu dans le Passage du Temps. Le bâton était posé contre un des murs de la cellule. J'hésitais, ne sachant pas si je n'allais déclencher une catastrophe avant d'avoir ramené Juliette à la vie. Je m'emparais du sceau... rien de fâcheux, en apparence, ne se produisit dans la pièce... dans l'instant en tous les cas...Je m'étais approché du corps de Juliette le sceau de métal à la main. J'avais passé le disque magique au dessus du corps... sans obtenir aucun résultat !
En retournant fouiller la salle, j'avais fini par percevoir un bruit...le murmure de l'eau courante !
Je m'approchais d'une murette de pierre qui faisait saillie dans la salle. Derrière, en me penchant, je distinguais un large trou circulaire dans le dallage de grosses pierres. Je constatais que le bruit de l'eau vive provenait de ce puits. Tout au fond coulait une eau luminescente.
Le niveau de l'eau luminescente se trouvait plusieurs mètres en contrebas. Sans un seau et une corde, je n'avais aucune chance de pouvoir l'atteindre. Je pris alors le seau et la corde.
Il me semblait que quelqu'un -et je devinais qui - s'ingéniait à me faire perdre du temps. Pourquoi ? Pour quelle raison ? Sans doute me préparer d'autres pièges infernaux !
Toujours prudent, j'attachais le seau à la corde et je me dirigeais rapidement vers le puits... Une fois le seau rempli, j'étais revenu vers le corps de Juliette allongé sur la table de pierre.
Lentement j'avais versé le contenu du seau sur son visage, puis sur le reste de son corps...L'eau miraculeuse avait effacé les symboles magiques sur le corps de la jeune fille qui lentement revenait à la vie.
J'avais l'impression de me retrouver dans une fable merveilleuse. Comme la princesse du conte, Juliette, toujours aussi belle, se relevait lentement. Elle tournait vers moi son regard bleu, bordé de longs cils noirs. Elle m'avait souri, sans marquer la moindre surprise. Comme si elle venait de se réveiller dans sa chambre d'étudiante, à Paris en 1995. J'étais trop ému pour lui parler. Juliette s'était approché de moi en souriant.... Nous avions échangé un long baiser. Ce baiser, pour moi, avait le goût de la victoire et du bonheur retrouvé.
C'est bien entendu à cet instant que Wolfram en avait profité pour se manifester.
Par prudence, le lâche qu'il était s'adressait à nous, mais sans être présent dans la pièce. Sa voix, qui résonnait d'un mur à l'autre, était douce, douceureuse plutôt. Elle se voulait apaisante et amicale. Mais derrière le discours lénifiant je percevais la duplicité du personnage."William? Vous êtes William !Surtout ne vous méprenez pas chevalier ... Je suis le gardien du trésor des templiers ! Tout à l'heure, lorsque vous êtes entré dans cette salle, en vous apercevant de dos, je ne vous ais pas reconnu! J'avais cru qu'il s'agissait d'un voleur !"
Une partie du mur de la salle s'était ouvert sur une petite pièce. A l'intérieur dans la pénombre, j'apercevais le scintillement des pierres précieuses, des calices, des croix et des bougeoirs d'or massif ... Le trésor des Templiers !
"Prenez ! Ce trésor vous revient de droit. Il va vous faire plus riche qu'aucun souverain sur cette terre!"
La voix de Wolfram s'était faite déférante :
"Tout est à toi seigneur William ! Viens prendre possession de tes trésors !"
Comme hypnotisé par l'éclat de l'or et des pierres précieuses qui scintillaient dans la pénombre, je m'approchais du trésor... J'allais devenir riche et puissant ! Juliette serait la femme la plus belle du monde grâce à tous ces merveilleux joyaux qui rehausseraient sa beauté ! Nous allions devenir riches ! Les plus...
Il m'avait fallu faire un terrible effort pour me secouer et sortir de cet étrange attraction maléfique... Il y avait tout à parier que la première personne qui entrerait dans cette salle des trésors, devait être immédiatement foudroyée ...
J'étais furieux d'avoir un instant été tenté par le sortilège de l'or du démon. Lorsque je me retournais, la surprise m'avait cloué sur place.... Juliette! Ma Juliette avait disparue! Wolfram m'avait attiré dans un piège subtil et... comme un imbécile j'étais tombé dedans ! Il me fallait tout recommencer !
J'étais seul dans la crypte noire... Seul alors que résonnait à mes oreilles le rire satanique de Wolfram.
Wolfram, dans sa cache devait jubiler ! Il devait savourer cette seconde victoire. Mais, au lieu de m'abattre, cette évocation du moine démoniaque triomphant m'avait tout au contraire redonné le goût de me battre !Alors que je retraversais les deux salles de la crypte noire pour retourner dans l'église, j'avais eu l'occasion de me prouver que mon courage et ma détermination étaient toujours les mêmes.
Un diablotin rouge et méchant, griffes en avant, s'interposait entre moi et la sortie de la crypte noire.... Le pauvre, pour un peu je l'aurais plaint ! Il ne m'avait pas fallu plus de deux ou trois coups pour lui faire passer l'envie de m'empêcher de sortir ! Le diablotin avait littéralement explosé dans un flash de lumière... qui m'avait été fort agréable !Objets trouvés = le sceau des templiers
La fin
Le choeur de l'église paroissiale
Wolfram était là, au centre du choeur de l'église. Le moine diabolique se hâtait de tracer un nouveau pentacle. Au dessus du cercle magique, le corps inanimé de Juliette flottait au dessus du sol !
Wolfram, dès qu'il m'avait aperçu, avait levé les bras ; un sourire cruel déformait son visage d'ange du démon. Triomphant, il s'était réfugié à l'intérieur du cercle magique.
Sous peine d'être foudroyé et repoussé dans les limbes, je savais qu'il m'était impossible de pénétrer dans le pentacle qui protègeait Wolfram.
De l'intérieur du cercle magique, le moine démoniaque projetait vers moi des éclairs qui me repoussaient violemment en arrière.
Je perdais peu à peu toute mon énergie, je ne trouvais aucune solution pour vaincre ce monstre fait homme !Tout à coup un rayon de soleil avait percé la rosace brisée par Montfaucon pour venir éclairer le pentacle.
Wolfram continuait de me narguer au centre du pentacle... Mais, il avait perdu son sourire, lorsqu'il m'avait vu courir pour remonter vers la galerie supérieure.La galerie supérieure de l'église paroissiale
La grande croix de pierre, placée à côté de la rosace brisée, avait résisté à mes premiers efforts ... puis insensiblement d'abord, puis millimètres par millimètres, j'étais parvenu à la faire glisser jusqu'au centre de la rosace...
Le choeur de l'église paroissiale
Un cri terrible avait retenti dans l'église.... Ca marchait ! Je tenais ma victoire !
L'ombre portée de la croix venait de frapper de plein fouet le corps de Wolfram ! Il grimaçait et se tordait de douleur.
Une humeur noirâtre sortait maintenant de sa bouche. Le moine démoniaque s'était effondré au centre du pentacle qui crachait des flammes vives qui se propageaient dans tout le choeur de l'église... Les flammes entouraient Wolfram, tordu par les convulsions... sa silhouette se transformait... Des cornes, des griffes affublaient son corps déformé à l'image d'une gargouille infernale....
Au-dessus des flammes le corps de Juliette avait disparu....Ma victoire se transformait en désastre. Pour triompher de Wolfram, j'avais sacrifié Juliette ! Mes yeux se remplissaient de larmes amères...
Tout à coup j'avais entendu sa voix! Juliette venait d'apparaître en haut des marches. Elle brandissait le gant de Gallois !Elle avait couru vers moi, aussi vite qu'elle le pouvait. En reconnaissant ma fiancée, j'avais retrouvé tout mon calme. Je savais comment faire pour fuir la Commanderie !
J'avais enfilé le gant que me tendait Juliette. J'avais pris le sceau de métal et je l'avais placé dans l'empreinte en creux, sur le dessus du gant. J'avais enlacé Juliette, mon bras autour de ses épaules. Un puits de lumière nous avait enveloppé... Nos deux corps s'étaient élevés dans l'église...
Nous nous étions retrouvés à l'extérieur de l'église . Nous montions à une vitesse de plus en plus grande droit vers le ciel.
Nous avons passé les Portes du Temps...
Objet trouvé = un gant
Le Musée d'Histoire et des Traditions du Moyen Age
Encore tout étourdis par le passage des Portes du Temps, nous nous étions retrouvés avec Juliette en fin de journée, en été, en plein PARIS en 1995. Nous nous trouvions devant la façade du Musée d'Histoire et des Traditions du Moyen Age .... Heureuse époque, heureuse France, où rien, sinon pas grand chose, ne semblait choquer les passants qui nous croisaient. Personne ne s'était même simplement retourné sur notre passage, nul ne semblait trouver bizarre que nous soyons tous les deux vêtus d'habits du Moyen Age !
Il y eu tout à coup, juste derrière nous, comme un bruit de soie qu'on déchire. Soudain une ombre passa au dessus de nos têtes. Un épervier, toutes ailes déployées sortit de la porte grande ouverte du Musée. Il nous frôla des serres largement ouvertes avant de s'élancer droit dans le ciel. Surpris, nous avions levé la tête pour observer son vol. Il tournoya une ou deux fois avant d'aller se poser sur une des balustrades de pierre, tout en haut de la tour Saint-Jacques. A cet instant dans le ciel, bleu et sans nuage jusque là, il y eut comme une ombre. Il nous sembla alors que l'oiseau changeait d'aspect et de couleur. Ses plumes prirent la teinte de la pierre autour de lui. On aurait dit qu'il venait de se figer, ailes ouvertes et de se fondre dans le décor de pierre de la tour médiévale.
Je n'avais rien dit à Juliette pour ne pas l'inquiéter, mais je savais que l'oeil de l'oiseau de pierre au-dessus de nous, brillait de l'éclat du rubis ! De son balcon de pierre, Wolfram ne nous perdait pas de vue. Il nous regardait nous éloigner dans la ville, sachant qu'avant longtemps nous nous retrouverions pour un nouveau combat !
Gérard Jouannet |
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